Visualising proximity using generative artificial intelligence: the case of digital nomads in Bali, Indonesia
Clément Marinos
〉Maître de conférences en économie territoriale
〉EA 2652 LEGO
〉Université Bretagne Sud
〉clement.marinos@univ-ubs.fr
〉Article court 〉
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Mots-clés : proximités, nomades numériques, intelligence artificielle, tourisme, Bali
Abstract: The paper examines proximity, both physical and digital, within Bali’s digital nomad landscape. Despite the allure of business prospects, unregulated digital nomadism poses challenges. Using AI, an image illustrates physical closeness but underscores social isolation, lacking community bonds. The beach, typically a social hub, appears solitary, reflecting a future depicted by the AI—an interplay of prophecy and uncertainty. This highlights the significance of visual representations in grasping the nuances of proximity, both physical and digital.
Keywords: proximities, digital nomads, artificial intelligence, tourism, Bali
Cet article propose de s’emparer de l’outil de génération d’image par intelligence artificielle en vue de mettre en perspective les proximités géographiques et organisées, en l’espèce celles des nomades numériques. L’idée générale consiste à analyser comment à partir d’un simple texte, ou prompt, l’on peut offrir une meilleure représentation visuelle et concrète de ces concepts, les rendre utiles et leur donner du sens. L’exemple des nomades numériques nous semble dans ce cadre pertinent car l’une des caractéristiques de ces individus est qu’ils souffrent de solitude (Miguel et al., 2023), forme de distance sociale inhérente à leur forte mobilité. Paradoxalement, ils ont tendance à se rassembler en communauté dans les mêmes destinations comme l’île de Bali en Indonésie (Thompson, 2019).
La course mondiale à l’attractivité touristique pousse de plus en plus de gouvernements locaux et nationaux à une concurrence pour attirer les populations de nomades numériques composées de télétravailleurs, freelances, entrepreneurs, tous indépendants à quelconque
lieu de travail et mobilisant les outils numériques pour exercer leur activité professionnelle (Hannonen, 2020). Ces individus n’entrent pas en concurrence sur le marché du travail local. Ceci peut expliquer que les autorités publiques mettent en place des visas spéciaux pour faciliter leur séjour. Néanmoins, les possibles externalités négatives pour les territoires d’accueil comme le prix du foncier, l’exclusion sociale ou encore le coût de la vie (Orel, 2021 ; Agniera, 2023) ne sont pastoujours maîtrisées .. A Bali en Indonésie, un des hauts-lieux de ce tourisme singulier, les flux ont été accélérés depuis la crise sanitaire, conduisant à du sur-tourisme. L’Association of Indonesian Tours and Travel Agencies (ASITA) prévoit à court terme près de 80 000 nomades séjournant au moins deux mois dans l’année et, de ce fait de nouvelles opportunités d’affaires pour les investisseurs. Pourtant, cette projection suscite aussi des inquiétudes et des problématiques que les outils d’intelligence artificielle peuvent aider à analyser ou, à tout le moins, visualiser
Réalisées avec l’aide du logiciel d’intelligence artificielle DALL E en « promptant » des textes de type « plage de Cangu à Bali où l’on voit une foule organisée de nomades numériques très rapprochés mais n’interagissant pas » (Fig. 1), cette image projette un avenir où l’évolution du nomadisme numérique serait non maîtrisée et non régulée sur l’île indonésienne. , La proximité physique est volontairement exagérée pour en souligner les revers. Derrière le paysage et les plages paradisiaques se manifeste d’une part un monde socialement « apocalyptique », où l’aliénation par les machines et les outils de communication règnent en maître, et d’autre part une extrême proximité géographique sans le moindre signe de communauté. (Fig. 1)
Ce territoire de la taille de la Bretagne attire pour ses aménités touristiques et culturelles et la course sans fin aux investissements immobiliers semble inarrêtable. Cette densité urbaine et surtout humaine extrême soulève, dans ces images, un paradoxe.
Bien que présentant a priori une forme de proximité culturelle et sociale (plutôt jeunes, célibataires, diplômés, de cultures occidentales), les nomades numériques apparaissent seuls, le regard perdu dans leur écran, chacun étant plongé dans son propre monde virtuel à l’aide
des dispositifs d’intermédiations numériques. On ne perçoit guère d’interactions sociales, la proximité numérique (Vienne et al., 2020 ; Bernella et al., 2022) surplombe ainsi les autres proximités, les interactions sociales étant comme suspendues. Les nomades font preuve d’ubiquité en étant « ici », c’est-à-dire physiquement présents, et « ailleurs », dans le(s) monde(s) virtuel(s). l faut relever dans ces images l’absence de signe de communauté bien qu’il s’agisse d’un élément considéré comme l’apanage des nomades numérique pour lutter contre leur solitude.
Outre les aspects liés à la prise de conscience des futurs possibles chers à Michel Godet (1983), l’outil d’intelligence artificielle s’avère intéressant pour représenter visuellement le concept de proximité. Il pose un regard expérientiel sur le monde.. Au niveau territorial et urbanistique, ces représentations visuelles aident à questionner le degré d’imbrication ou de distanciation entre les différentes proximités et soulève la question des infrastructures de « proximité ». Sous réserve d’une bonne maîtrise, elles peuvent contribuer à concevoir des politiques d’aménagement de façon originale. Elles peuvent aussi être appropriées par les militants, défenseurs d’une cause, par exemple celle du respect de l’environnement. Au niveau sociétal également, les outils d’IA s’avèrent intéressants pour illustrer l’accentuation des tendances déjà à l’œuvre, dans notre cas les effets de l’arrivée massive d’un groupe social sur un territoire.
Enfin, d’un point de vue de l’analyse des proximités, l’exemple des nomades numériques illustre la façon dont la proximité numérique peut intervenir en contrepoint des autres proximités : « ce n’est pas la proximité géographique de résidence qui construit le groupe » (Piolle, 1990) mais, dans certains cas, les réseaux sociaux et les mondes virtuels (Fig. 2).
Références bibliographiques :
Agniera, I., Gusti Agung Ayu, Pella F. A. & Halim E., 2023. “Local Perceptions Towards Foreigners Digital Nomads in Bali”. 2023 International Conference of Computer Science and Information Technology (ICOSNIKOM). IEEE.
Bernela, B., Ferru, M., & Rallet, A., 2022. “The impact of digital technologies on perceptions of proximity”. In Handbook of Proximity Relations, Edward Elgar Publishing., pp. 124-136,
Godet, M. (1983). « Méthode des scenarios ». Futuribles, 71, pp. 110-120.
Hannonen O., 2020. “In search of a digital nomad: defining the phenomenon”, Information Technology & Tourism, 22, pp. 335-353.
Miguel C., Lutz, C., Majetić F., Perez Vega R. & Sánchez-Razo M., 2023. “It’s not all shiny and glamorous: loneliness and fear of missing out among digital nomads”. Hawaii International Conference on System Sciences.
Orel M., 2021. “Life is better in flip flops. Digital nomads and their transformational travels to Thailand”, International Journal of Culture, Tourism and Hospitality Research, 15, pp. 3-9.
Piolle, X., 990. « Proximité géographique et lien social, de nouvelles formes de territorialité ? ». L’espace géographique, 19-20(4), pp. 349-358.
Vienne, F., Douay, N., Le Goix, R., & Severo, M., 2014. « Lieux et hauts lieux des densités intermédiaires : une analyse par les réseaux sociaux numériques ». In Aux Frontières de l’Urbain, colloque.
Thompson, B. Y., 2019. “The digital nomad lifestyle:(remote) work/leisure balance, privilege, and constructed community”. International journal of the sociology of leisure, 2 (1), pp. 27-42.
Pour citer cet article :
MARINOS Clément, « Visualiser les proximités à l’aide de l’intelligence artificielle générative : le cas des nomades numériques à Bali, Indonésie », 4 | 2024 – Représentations de la proximité, GéoProximitéS, URL : https://geoproximites.fr/ark:/84480/2024/12/23/rp-ac3/
