AAA courts. Le Care, une notion de proximité(s) ?

Numéro 2-2024 « Le care, une notion de proximité(s) ? »
Coordonné par Corinne Luxembourg et Johanna Dagorn

La revue GéoProximitéS (GPS)

La revue GéoProximitéS (GPS) est une revue scientifique à comité de lecture de géographie et de sciences sociales. Son champ thématique est celui des proximités entendues dans toute leur diversité. C’est une revue de géographie ouverte à tout autre discipline de science humaine et sociale incluant une dimension spatiale à leurs approches. Les numéros de la revue GPS rassemblent donc des articles issus de différents champs disciplinaires autour d’un même thème.

Numéro thématique « Le care, une notion de proximité(s) ? »

Aborder la notion de care par la proximité, sa réalité ou son défaut ouvre un champ d’analyse des territoires, de leurs inégalités sociales, spatiales.

Rappelons la définition que Joan Tronto livre du care : « Au niveau le plus général, nous suggérons que le care soit considéré comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde », de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-même et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie. » (Tronto, 2009). Elle distingue quatre phases du care : se soucier, prendre en charge, prendre soin et recevoir le soin qui correspondent à quatre éléments éthiques : l’attention, la responsabilité, la valorisation et l’acquisition de compétences, la réceptivité aux soins reçus. 

Le care est ainsi envisagé comme processus social global visant à « relier les fragments disloqués du care en un ensemble intelligible » et à dévoiler les rapports de pouvoir qui le fragmentent et l’invisibilisent (Paperman, 2015).

Moins classique, la définition d’Helena Hirata est la suivante : « Un travail matériel, technique et émotionnel qui est façonné par des rapports sociaux de sexe, de classe, de « race »/ethnie, entre différents protagonistes : les pourvoyeur·se·s et les bénéficiaires du care, ainsi que tou·te·s ceux et celles qui encadrent, supervisent ou prescrivent le travail. Le care n’est pas seulement une attitude attentionnée, il recouvre un ensemble d’activités matérielles et de relations consistant à apporter une réponse concrète aux besoins des autres. On peut aussi le définir comme un rapport de service, de soutien et d’assistance, rémunéré ou non, impliquant un sens de la responsabilité vis-à-vis de la vie et du bien-être d’autrui. » (HIrata, 2021)

Helena  Hirata ajoute « l’indissociabilité dans le care des dimensions du travail, de l’éthique et de la politique, comme le fait Pascale Molinier dans son ouvrage Le Travail du care. » (Hirata, 2021)

Si la définition de Tronto est plus holistique, elle ne prend pas en compte les inégalités des rapports sociaux qu’Hirata met au centre de sa proposition, ou l’approche politique de Molinier. Néanmoins, aucune de ces autrices n’aborde cette thématique par le prisme des inégalités spatiales, des rapports de territoires, de ce que la proximité ou l’éloignement produisent comme formes de care ou au contraire ce que le care produit ou non comme formes de proximités socio-spatiales.

Le développement d’une approche du care des territoires peut également tenir de la conscience d’un continuum de violences faites aux territoires de marges autant par les dispositifs institutionnels dont ils font l’objet que par les regards portés sur eux.

Les textes courts que nous attendons aborderont les notions de care, de marges, de territoires pour contribuer à en donner une large lecture et à imaginer ce que cette approche du care peut offrir comme nouvelles pistes épistémologiques et empiriques de recherche pour les disciplines socio-spatiales.

Bibliographie :

Charron H., Auclair I., 2016, Démarches méthodologiques et perspectives féministes, Recherches féministes, vol. 29 n°1, p. 1-8

Depeau S., Ramadier T., 2011, Se déplacer pour se situer, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

Hancock C., 2008, Décoloniser les représentations : esquisse d’une géographie culturelle de nos « Autres », Annales de géographie, vol. 660-661, no. 2-3, pp. 116-128.

Hirata, H. 2021. Chapitre premier. Care, enjeux théoriques et sociaux. Dans : , H. Hirata, Le care, théories et pratiques (pp. 27-56). La Dispute.

Kirszbaum T., 2015, Quand la discrimination territoriale occulte les discriminations ethnoraciales », Les Cahiers du Développement Social Urbain, 1(1), pp. 17-20.

Lieber M., 2008, Genre, violences et espaces publics : la vulnérabilité des femmes en question, Paris, Presses de Sciences Po.

Luxembourg, C. & Noûs, C. (2022). L’éthique du care comme procédé méthodologique et analytique : expérimentations à propos des rapports de genre dans l’espace public à Gennevilliers (2014-2020). Dans : Nicolas Rouget éd., Fragments de Géo (pp. 187-198). Saint-Denis: Presses universitaires de Vincennes. https://doi.org/10.3917/puv.rouge.2022.01.0187

Paperman, P., (2015), L’éthique du care et les différentes voix de l’enquête, Recherches féministes, 28/1, p. 29-44.

Rodo De Zarate M., 2015, El acceso de la juventud al espacio público en Manresa. Una aproximación desde las geografías feministas de la interseccionalidad, Scripta Nova, vol. XIX, n° 504.

Tronto J., 2009, Un monde vulnérable : pour une politique du « care », Paris, La Découverte.

Consignes aux auteur.es pour textes courts :

Les auteur·rices doivent envoyer leurs articles à la revue et aux rédacteur·rices du dossier thématique. Ces articles peuvent être basés sur une étude de cas ou offrir une perspective plus théorique, épistémologique.
La revue utilise une évaluation systématique en double aveugle et toutes les propositions d’articles sont évaluées par deux évaluateur·rices.

Enfin, les articles doivent compter entre 6 000 et 11 000 signes espaces compris, hors bibliographie. Pour les articles courts, la bibliographie devra compter une dizaine de références maximum.

Les contributions sont à adresser :

  • à la revue ( revue.gps(at)gmail.com ), qui accusera réception
  • ET aux deux coordonnatrices du numéros (adresses ci-dessous). Date limite de réception des propositions : 8 janvier 2024. La parution du numéro est prévue à la fin du 1er trimestre 2024
  • Contacts coordinatrices du numéro : Corinne Luxembourg, Géographe, PR à l’Université Sorbonne Paris Nord ( corinne.luxembourg(at)univ-paris13.fr ) et Johanna Dagorn, Sociologue, Université de Bordeaux ( johanna.dagorn(at)u-bordeaux.fr )