AAA Spatialités et mise(s) en fiction

Numéro 9-2026 « Spatialités et mise(s) en fiction »
Coordonné par Dino Gavinelli et Arnaud Alessandrin

La revue GéoProximitéS (GPS)

La revue GéoProximitéS (GPS) est une revue scientifique à comité de lecture de géographie et de sciences sociales. Son champ thématique est celui des proximités entendues dans toute leur diversité. C’est une revue ouverte à toute discipline de sciences humaines et sociales incluant une dimension spatiale à ses approches. Les numéros de la revue GPS rassemblent donc des articles issus de différents champs disciplinaires autour d’un même thème. 

Argumentaire du numéro

Comment mettre en fiction les territoires, les espaces, les déplacements, les interactions, les proximités ? Plus encore, que restitue cette mise en fiction, qu’elle soit littéraire, théâtrale, plastique, illustrée, aboutie, publiée ou en cours de réalisation, d’écriture ? Voici ce sur quoi se penche ce numéro de la revue GéoProximités, dans une perspective assurément pluridisciplinaire.

Fictionnaliser des espaces : processus, créations et méthodes

Qu’est-ce que l’espace dit et fait aux œuvres ? Qu’est-ce que les œuvres disent et font aux/des espaces ? Ces questions ne sont pas nouvelles. Pour Calberac et Ludot-Vlasak (2020), « l’espace devient ainsi une catégorie d’analyse à part entière pour explorer le fonctionnement du texte et plus généralement des pratiques discursives ». Nous pourrions ici généraliser ce constat aux autres pratiques de mise en fiction des spatialités. Mais fictionnaliser les espaces n’est jamais d’un seul tenant. Contexte historique, géographique, culturel, technique ou artistique interagissent pour donner à voir des processus de création et des méthodes qui varient fortement d’une époque à l’autre, d’une région du monde à l’autre, d’une intention artistique à l’autre (Chalonge, 2005). A cet endroit de la création, l’analyse géographie se situe entre le processus artistique et scientifique, entre valeurs objectives et subjectives. Le fictionnel n’est jamais complétement fictif et l’étude des œuvres favorise un dialogue géo-artistique foisonnant (Rosemberg, 2016). Dès lors, comment restituer ces processus de création et ces méthodes entremêlées ?

Des spatialités et des fictions : distances et proximités

Toutes les modes de fictionnalisation de l’espace sont interrogés dans cet appel à articles. Tous les espaces également. Nous nous pencherons sur ce qui constitue des continuités et des discontinuités dans les imaginaires et dans leurs traductions fictionnelles… qu’il s’agissent d’œuvres historiques ou d’interactions contemporaines dans des espaces connus de tous et toutes ou bien des proximités, voire même des intimités. Les configurations narratives ou plastiques des distances et des proximités sont d’autant plus centrales qu’elles engendrent des sujets et des actions. Elles leur donnent corps, les fait parler, les rend visibles. Elles les font exister, consister, dans des instants parfois furtifs, parfois permanents et solidifient ainsi des imaginaires et des pratiques, des relations. La pensée spatiale pourrait trouver un double intérêt à se pencher sur cela : d’une part cela nous offre la possibilité d’observer de nouvelles façons de voir, d’expérimenter et de décrire les espaces géo-graphiques et, d’autre part, cela traduit des rapport subjectifs, intimes, indicibles parfois autrement (Morel, 2020).

Restitutions / réceptions : acteurs.trices et spectateur.trice de la mise en fiction

L’œuvre façonne autant l’espace qu’elle s’en inspire. Dans ce va et vient entre les dispositifs artistiques de mise en fiction et les interrogations spatiales, la place de chacun.e est à interroger. Que font les acteurs.trices, les auteur.e.s, les plasticien.ne.s, les dessinateurs.trices, des espaces qu’ils mobilisent ? En parallèle, qu’en est-il de la réception de ces fictions ? Solidifient-elles des imaginaires et des espaces ? Les redéploient-elles ? Dans ce couple « émission – réception », qu’est-ce qui se greffe ou qu’est-ce qui disparait des territoires ? Nous interrogerons ces aspects aussi bien dans les expériences de la restitution, de la diffusion des œuvres (du côté des créateurs.trices donc) que du côté des expériences spectatorielles. Voir les espaces, écouter les lieux, se confronter à leurs récits : autant d’expériences spectatorielles de la spatialité qui nous intéressent également.

La fiction comme outil/méthode de recherche

Les œuvres artistiques, quelles que soient leur forme, disent autant de l’espace qu’elles concernent que la perception d’une époque, d’un contexte dans lesquels se situent leurs auteur.es. En cela, elles peuvent alors devenir des outils et des méthodes de recherche : lorsque la fiction produite par d’autres permet d’approcher des phénomènes dont la retranscription du réel serait quasiment impossible (risque de mise en danger des enquêté.es, dévoilement d’actions illégales, trop grande sensibilité des sujets…) elle devient alors terrain, données de première et de seconde main ; lorsque la fiction produite par les chercheures lorsqu’elle permet de vulgariser, de contourner des obstacles. Enfin est-ce que tout récit devient une fiction ? est-ce que le récit qu’un.e enquêté.e fait d’un événement parce qu’il n’embrasse pas tous ses aspects n’en devient pas aussi fiction ?

Références 

Calbérac Y. et Ludot-Vlasak R. (dir.), 2018. Textualités et spatialités. Savoirs en Prisme, 2018. [en ligne]. 

Cavaillé, F., 2016. « Que peut la fiction pour la géographie ? Les apports de la littérature de jeunesse dans les apprentissages ». Annales de géographie, 2016/3 N° 709-710, p.246-271. DOI : 10.3917/ag.709.0246.

Chalonge F., 2005 Espace et récit de fiction, Strasbourg, Presses universitaires du Septentrion. 

Desbois H., Gervais-Lambony P., Musset A., 2016, « Géographie : la fiction ‘ au cœur’ ». Annales de géographie, 2016/3 N° 709-710, p.235-245. DOI : 10.3917/ag.709.0235. 

Faure E. et Luxembourg C., « Écrire, jouer et dessiner la recherche. Coconstruction et diffusion des savoirs par et vers le terrain ». Pratiques de formation/Analyses [En ligne], 66 | 2023, mis en ligne le 01 janvier 2023. URL : https://www.pratiquesdeformation.fr/82

Meunier C., 2020. « Des albums-géographes au service de la pensée spatiale. L’exemple des imageries de Warja Lavater ». Géocarrefour [En ligne], 94/4 | 2020, URL : http://journals.openedition.org/geocarrefour/15146 ; DOI : https://doi.org/10.4000/geocarrefour.15146

Morel J., 2018. Lorsque le texte spatialise : retour sur quelques théories et expériences littéraires à dimension spatialisante. Savoirs en Prisme. [en ligne].

Rosemberg M., 2016. « La spatialité littéraire au prisme de la géographie ». L’Espace géographique. 45(4), p. 289-294.

Responsables du numéro :

Dino Gavinelli, PR en géographie, Università degli Studi di Milano

Arnaud Alessandrin, chercheur en sociologie, Université de Bordeaux

Modalités de contribution

Consignes aux auteur.es :

Les auteur·rices doivent envoyer leurs articles à la revue et aux rédacteur·rices du dossier thématique. Ces articles peuvent être basés sur une étude de cas ou offrir une perspective plus théorique, épistémologique.
La revue utilise une évaluation systématique en double aveugle et toutes les propositions d’articles sont évaluées par deux évaluateur·rices.

Deux formats de propositions d’articles sont possibles :

  • Les articles longs. Les articles font 25000 à 50000 signes espaces comprises, hors bibliographie. C’est le format « classique ».
  • Les articles courts. Les articles font 6000 à 11000 signes espaces comprises, hors bibliographie. Ce format, plus incisif, permet d’avancer des éléments plus réflexifs et conceptuels. Il ne s’agit en rien de brèves ou de notes, mais d’articles scientifiques sur un format plus court.

La date limite de réception des propositions est fixée au 15 juin 2025, pour publication début 2026.

Les normes de publication sont détaillées dans la rubrique du site dédiée.

Les contributions sont à adresser :

  • à la revue ( revue.gps(at)gmail.com ), qui accusera réception