AAC Journée d’études « La frontière : Des proximités ? »

Journée organisée par l’Institut des Frontières et Discontinuités et par la Revue GéoProximitéS

Jeudi 21 novembre 2024 – 9h-16h30

Maison de la recherche, Université d’Artois, Arras

Journée organisée par :

  • François Moullé, Laboratoire Textes & Cultures
  • Nicolas Lebrun, Laboratoire Habiter le Monde

Professeur invité : Dino Gavinelli, Professeur à l’université de Milan

Appel à proposition et texte

La frontière des États-nations est une question d’affirmation du pouvoir sur un territoire, la frontière étant la limite où s’exerce la souveraineté du pouvoir central ou fédéral. Dans cette approche, la frontière est à la périphérie et le pouvoir au centre. Et pourtant, même si les territoires frontaliers peuvent être des marges, ils sont aussi des espaces de vie et parfois des espaces urbains très dynamiques, la frontière pouvant alors être une ressource (Sohn, 2014). La proximité est une configuration spatiale dans laquelle la distance est suffisamment réduite pour que des effets, des usages et des pratiques spécifiques se développent (Lebrun, 2022). 

L’idée de proximité vis-à-vis de la frontière peut être vue comme une proximité avec la ligne frontière ou/et avec l’espace frontalier au-delà de la ligne. Christiane Arbaret-Schulz (2002) a écrit que « La frontière est une construction territoriale qui met de la distance dans la proximité ». Cela voudrait dire que la nature de la proximité en contexte transfrontalier pourrait être perturbée puisque les relations de proximités resteraient marquées par la présence de la ligne frontière séparant deux souverainetés distinctes. La proximité transfrontalière sous-entend que la ligne n’est pas une fin (confins), mais la présence proche d’une ressource territoriale possible. Comme le précise Nicolas Lebrun, la proximité reste une possibilité d’utiliser la ressource territoriale présente au-delà de la frontière, elle devient réalité lorsque les flux transfrontaliers la concrétisent en proxibilité (Lebrun, 2024), ce qui permet d’envisager la frontière au cœur d’une approche relationnelle de l’espace (Pumain, 2009). Cela vient enrichir la people’s approach (Van Houtum, 2000) de la frontière des auteurs anglophones et permet de mieux comprendre la complexité de l’homotone (Moullé, 2003) où un bassin de vie transfrontalier existe sans éliminer l’existence de la frontière en tant que ligne, ni sa dimension symbolique. Nous parlons de travailleurs frontaliers, de couples binationaux, d’opportunités marchandes liées aux différences réglementaires, fiscales et sociales, etc. La distance symbolique de la frontière est ici perturbée par la proximité métrique. Or, à la frontière, la proximité, comme la distance, relève de la métrique, du temps, de la représentation individuelle et collective et bien entendu d’une dimension symbolique. Il y a bien des individus qui se tournent vers la frontière dans une logique de proxibilité, tandis que d’autres tournent le dos à la frontière (Hamez, 2015). Un dialogue transfrontalier se caractérise par le rôle de diplomates (Moullé, 2024) des acteurs des territoires locaux et régionaux favorisant des liens de proximité pour ceux qui se tournent vers la frontière. 

Le lien entre proximité et frontière se situe entre les forces centripètes de la frontière offrant des opportunités et les forces centrifuges où les dimensions symboliques et fonctionnelles de la frontière sont des freins aux relations transfrontalières. Les effets de la frontière sur les territoires frontaliers restent complexes et soulignent l’intérêt de les croiser avec la notion de proximité. Cela est encore plus pertinent dans les contextes nouveaux où de fortes relations de proximité peuvent se réaliser avec une frontière de plus en plus appareillée électroniquement pour surveiller, contrôler et filtrer les flux. La proximité en contexte transfrontalier révèle la complexité de l’idée de dévaluation de la frontière, les opportunités de traversée de la frontière peuvent se multiplier tout en ayant un appareillage techno-politique sophistiqué permis par les hautes technologies contemporaines. La géographie des territoires favorise ou non des points de passage, la notion de « col » proposée par Kevin Sutton (2013), mais la proximité dépend aussi voire d’abord de choix politiques à toutes les échelles.

Cet appel propose quatre axes de réflexions pour les propositions scientifiques :

  • Proximité et symbolique de la frontière 
  • Pratiques et usages de la frontière dans la proximité
  • Mettre en scène la proximité en contexte frontalier (acteurs et enjeux)
  • Politiques publiques et proximité frontalière

Les communications orales seront de 30 minutes.

Les collègues qui communiqueront lors de la journée d’étude s’engagent à proposer par la suite un article scientifique (25.000 à 50.000 caractères) à la revue GéoProximitéS, en vue d’un numéro dédié dont la parution est prévue pour 2025.

Les propositions de communications devront nous parvenir avant le 15 juin 2024 aux adresses mail suivantes : francois.moulle@univ-artois.fr et n.lebrun@u-picardie.fr . 

Elles comporteront : un titre en français et en anglais, un résumé en français de 3000 signes environ, 5 à 7 références bibliographiques, une présentation succincte de.s auteur.e.s (4 à 5 lignes).

Bibliographie

Arbaret-Schulz Christiane, 2002, Les villes européennes, attracteurs étranges de formes frontalières nouvelles, in Reitel B. et alii (éds.), Villes et frontières, Anthropos-Economica, Collection Villes, 213-230.

Hamez Grégory, 2015, Pour une analyse géographique des espaces transfrontaliers, HDR, Université de Rouen, 276 p.

Van Houtum Henk, 2000, An overview of european geographical research on borders and border regionsJournal of Borderlands studies, 15(1), p. 57-83.

Lebrun Nicolas, 2024, De la proximité en tant que ressource territoriale à la proxibilité en tant qu’actif territorial. Pour une société hyperproxible dans un monde en transitions, GéoProximitéS, 4

Lebrun Nicolas, 2022, Proximité, Géoconfluences, octobre

Moullé François, 2024, Une diplomatie territoriale complexe pour connecter les territoires de l’Union européenne, L’Information géographique, A. Colin, n° 1/2024, pp. 37-53

Moullé François, 2003, Dynamiques transfrontalières et identités territoriales. L’exemple des Alpes de Savoie, de la Suisse Romande et du Val d’Aoste, Presses Universitaires du Septentrion, 473 p.

Pumain Denise, 2009, « Essai sur la distance et l’espace géographique », Atala, n° 12, pp. 33-49.

Sohn Christophe, 2014, Modelling cross-border integration: The role of borders as a resource, Geopolitics, vol. 19-3, p. 587-608

Sutton Kevin, 2013, Les Nouvelles Traversées Alpines, la Traversée échouée ?, EspacesTemps.net, Traverses, 06.11

Comité d’Organisation

  • François Moullé, Laboratoire Textes et Cultures, francois.moulle@univ-artois.fr
  • Nicolas Lebrun, Laboratoire Habiter le monde, n.lebrun@u-picardie.fr

Comité Scientifique

  • Sébastien Bourdin, École de Management Normandie
  • Guy Chiasson, Université du Québec en Outaouais
  • Sylvie Considère, Université de Lille
  • Marie-France Gaunard-Anderson, Université de Lorraine
  • Nicolas Lebrun, Université de Picardie Jules Verne
  • Corinne Luxembourg, Université Sorbonne Paris-Nord
  • François Moullé, Université d’Artois
  • Lucille Nicolas, Université de Lille
  • Bernard Reitel, Université d’Artois